Les communautariens et ces liens qui nous lient aux autres

#JusticeSociale, Semaine 6 — Les #communautariens et ces liens qui nous lient aux autres

« Je suis l’enfant de quelqu’un, l’oncle ou le cousin de quelqu’un ; je suis citoyen de telle ou telle ville, membre de tel ou tel corps de métier ; j’appartiens à tel clan, telle tribu, telle nation. Ce qui est bien pour moi doit donc être le bien pour celui qui joue ces rôles. Du passé de ma famille, de ma ville, de ma tribu, de ma nation, j’hérite divers dettes, legs, espoirs et obligations légitimes. Tout cela constitue le donné de ma vie, mon point de départ moral », nous dit Alasdair McIntyre.

Alasdair #McIntyre, Michael #Sandel, Charles #Taylor, Michael #Walzer et d’autres font partie de ces #philosophes que l’on a appelés #communautariens par opposition aux #libéraux. Et il ne faut pas les confondre avec ce qu’on entend habituellement par « communautarisme » comme repli sur sa communauté.

Leur pensée de la #JusticeSociale vise à dépasser la pensée libérale. Celle-ci n’impose que deux choses : des devoirs universels que nous avons en tant qu’êtres humains (ne pas faire preuve de cruauté, etc.) et des obligations volontaires pour lesquelles nous avons consenti (contrat, promesse, etc.). Les #communautariens vont réfléchir la justice sociale à partir d’un troisième point, non universel et non lié à un consentement, une obligation que Michael Sandel appelle de #solidarité : celui des obligations en liens avec nos appartenances, nos histoires et nos loyautés. « L’histoire de ma vie est toujours enchâssée dans l’histoire de ces communautés dont je tire mon identité. Je suis né avec un passé ; vouloir me couper de ce passé, sur le mode individualiste, c’est déformer mes relations présentes » continue McIntyre.

Si la pensée libérale pense que la #justice se doit d’être libre de toute orientation morale ou religieuse, pour les communautariens cela est impossible. Pour eux, la justice sociale s’inscrit dans des relations, des contextes spécifiques, des #communautés dans lesquelles les personnes vivent concrètement.

Prenons un exemple. Je suis en randonnée avec un ami et nous traversons un pont. Soudain le pont s’effondre, mon ami tombe à l’eau ainsi qu’une autre personne. Les voyant se noyer, je plonge et tente de sauver mon ami. Pourtant, je n’ai consenti aucune obligation contractuelle envers mon ami pour le sauver en cas de danger. Je le fais parce qu’un lien nous unit, une histoire commune. Par ailleurs, on trouverait absurde que je fasse un tirage au sort de qui je sauverais avant de sauter tout comme de calculer qui serait le plus utile à sauver.

La force de cette obligation de solidarité est de reconnaitre que notre vie est liée à celle des autres. Pour les communautariens, il est donc impossible de pouvoir imaginer une société juste sans prendre en compte les histoires dont chacun fait partie. Et donc, il semble absurde de pouvoir penser la justice sociale en écartant la morale et la religion. Ainsi, pour Michael Sandel « le politique vidé de tout engagement #moral substantiel entraîne un appauvrissement de la vie civique ». Pour les communautariens, il s’agit donc de chercher le #Bien plutôt que le #Juste.

Au travers des semaines qui vont suivre, chaque mercredi, nous explorerons les reliefs variés et foisonnants de vie de la #JusticeSociale. Une action commune menée par L’Autre "lieu" – RAPA, Centre Franco Basaglia, Revers Asbl et CEMÉA Belgique !
Note : les extraits cités sont tirés de « Après la vertu. Etude de théorie morale » de Alasdair McIntyre et de “Justice” de Michael Sandel