Réparer les torts du passé?
#JusticeSociale, semaine 15 !
Esclavage, ségrégation, asservissement sexuel, élimination ciblée d’un peuple, d’une culture : l’histoire de l’humanité comporte quantité d’événements et de faits révoltants, que personne aujourd’hui ne peut tenter de justifier.
En revanche, plusieurs camps apparaissent dès que l’on pose la question suivante : les #nations devraient-elles présenter des #excuses pour les torts passés ? Ce #débat est délicat et touche à la fois à la #responsabilité collective et aux #revendications des communautés concernées.
Les adversaires aux excuses publiques mettent souvent en avant que de tels gestes (excuses publiques, réparations financières) peuvent faire naître le ressentiment, éveiller des rancœurs ou renforcer la victimisation.
De plus, ils soutiennent qu’il n’est pas possible de demander #pardon – ce qui implique une prise de responsabilité ! – pour quelque chose que nous n’avons pas personnellement commis. Ils identifient donc un enjeu moral (celui de la responsabilité qui vient de pair avec les excuses) et affirment que les citoyens actuels ne peuvent pas être tenus pour responsable des fautes de leurs ancêtres.
Ils prônent donc l’individualisme moral : on n’est responsable que de nos propres #actions ; chacun a le droit d’être #libre et de n’être donc soumis qu’aux obligations auxquelles il a consenti : seuls nos choix sont sources d’obligation morale. Cette conception individualiste de la liberté de choix et de l’importance du consentement se retrouvent dans de nombreux courants de justice sociale.
Mais si on se considère comme des êtres libres et indépendants, contraints uniquement par les obligations morales que nous avons choisies, il est alors difficile de donner sens à certaines obligations morales et politiques comme la solidarité, la loyauté, la mémoire historique (etc.) – qui sont pourtant communément admises… et bien souvent des exigences attachés à notre #communauté.
Dans son livre « Justice », Sandel met en avant les obligations de solidarité, qui renvoient à des responsabilités morales que nous avons vis-à-vis de ceux avec qui nous partageons une certaine histoire – que cette histoire soit positive ou extrêmement négative – et c’est à ce niveau-là que peut se nicher l’idée de réparation des torts passés.
Mais indépendamment de tout le reste, on peut se poser la question suivante : les injustices passées n’ont-elles pas systématiquement des conséquences sur la société actuelle ? Sont-elles vraiment passées, finies, sans conséquences ?
Pour les partisans des excuses publiques, l’important est en effet d’expier les fautes des coupables (ou des gens qui ont laissé faire), d’honorer la mémoire des victimes, mais aussi de reconnaître les effets persistants qui découlent des injustices passées et qui ont encore un impact – afin d’arriver à une #réconciliation#morale et #politique… et à une société plus juste.
Alors, sommes-nous vraiment libres et indépendants ou sommes-nous liés à une communauté et à son poids moral (que nous n’avons pas choisi) ? Est-ce que nos identités, qui font partie de nous, influencent nos responsabilités morales ? Les obligations de solidarité ont-elles leur place ? Les injustices du passé sont-elles dépourvues de conséquences actuelles et, le cas échéant, que pouvons-nous faire pour rectifier cela ?
Au travers des semaines qui vont suivre, chaque mercredi, nous explorerons les reliefs variés et foisonnants de vie de la Justice Sociale. Une action commune menée par L’Autre "lieu" – RAPA, le Centre Franco Basaglia, Revers Asbl et CEMÉA Belgique !